…Estampillé par l’Académie de Médecine
Alcool
C’est l’été. Je suis un pré-ado envoyé en colonie de vacances. C’est le temps de
l’insouciance d’une enfance finissante. Un soir, c’est la fête au village proche de notre
campement. Toute la colonie s’y rend pour faire la fête. Tard dans la soirée, nous sommes
assoiffés par tant d’amusement. Nous nous faufilons derrière la table des boissons et
tirons chacun une boutanche de vin. Fiers comme des larrons en foire, nous allons
tchuquer tranquillement nos litrons. Ce qui devait arriver arriva. Nous sommes
complètement ronds comme des queues de pelle. Au retour, les murs valsent autour de
moi. J’ai le vin gai et déclare mon amour à ma monitrice. Une fois sous la tente, c’est la
bascule et j’ai juste le temps de sortir la tête pour vomir.
Je suis lycéen, et « Un singe en hiver » passe à la TV. Avec Jean, mon meilleur ami, nous
le regardons tout en nous faisons des cocktails avec ce que nous trouvons dans le bar de
mes parents. Nous sortons ensuite dans les rues de Toulouse. Sur les allées Jean Jaurès.
Nous rejouons la scène de la corrida avec les voitures. Il est tard. Le trafic est faible. Nous
nous amusons comme des p’tits fous à toréer les bagnoles klaxonnantes. Le chantier du
métro longe les allées. Je m’appuie aux grillages. Une porte cède et je me retrouve
suspendu au dessus du vide, accroché au grillage. Un peu plus tard, nous trouvons un
chariot de supermarché abandonné. Nous transportant l’un l’autre, en rigolant comme des
baleines. Une voiture de flic s’arrête à notre hauteur et nous demande, assez gentiment,
de cesser nos conneries. Nous obtempérons et nous repartons en pouffant.
Je suis objecteur de conscience comme projectionniste en Normandie. Un matin, je me
mets à boire des cafés calva avec des pompiers en fin de service. Je me pointe à
l’ouverture de l’association et entreprend de draguer lourdement la collègue de l’accueil.
Elle fond en larmes et s’enfuit. Le directeur me coince dans l’escalier et me signifie que je
dois trouver un autre poste.
Je suis objecteur de conscience comme photographe d’une association de chantier de
jeunesse en Avignon. Une soirée sur un chantier est bien arrosée. Je caresse tout d’abord
un sein d’une jeune endormie. Une collègue m’intime l’ordre d’aller me coucher. Je
m’écroule au pied d’un lit et caresse une jambe. Un jeune homme se réveille. Je fais
semblant de dormir. Le lendemain, il quitte le chantier. Je suis réformé.
Je suis adulte immature. A un anniversaire, je m’amuse à soulever les jupes des filles tout
en disant que je ne les voyais pas comme ça. Je finis par m’endormir au pied d’un lit et à
me mettre à caresser le pied d’une belle endormie. Trou noir. Le lendemain, Juliette, ma
très bonne amie en l’honneur de qui la fête avait lieu me raconte ma conduite de la veille.
J’ai tellement honte que j’arrête de boire de l’alcool.
Dix ans d’abstinence.
L’avant veille de la mort de mon petit frère, Julien, je dégotte une boutanche de vodka
dans le congélo que je siffle au goulot. Enorme vomissement. Je suis au désespoir.
Aujourd’hui, je sirote un bon whisky de temps en temps le soir. J’assume mon passé de
petites perversions.
Haschisch
Je passe la soirée chez Jean. Nous jouons aux échecs. Il roule un pétard, l’allume, fume
et me le tend. Je fume mon premier bédo. Nous passons la nuit à jouer et à fumer avant
de nous rendre en cours.
Je passe mes journées et mes nuits, chez mon pote Adrien. Il crèche au dernier étage
d’un immeuble de la Reynerie. Une bande d’ami-e-s prend l’habitude de s’y réunir. Nous
passons le temps en bédavant et en refaisant le monde. Nous sommes une bande de
marginalisé-e-s. Cela dure six ans de ma vie. J’ai baissé les bras devant cette société si
cruelle.
Ma future épouse, Clotilde, me dépose dans la cours de la clinique d’Aufréry pour un
sevrage cannabique. Je fume un dernier joint dans la voiture avant d’y aller. C’est un 31
décembre. Je passe le réveillon seul dans une chambre.
10 ans d’abstinence.
Aujourd’hui, je fume de temps en temps des cônes en bonne compagnie.
Héroïne
Je vis chez Carine et Rolande. Elles poursuivent leurs études avec succès. J’ai laissé
tomber la fac. Je contemple la vie. Nous fumons, nous buvons tous les soirs. Un ami de
passage nous laisse un pochon contenant de la poudre. Elles me la font goûter. Nous
faisons l’amour toute la nuit.
Je vis chez Béatrice avec Carine, Christian et André. Nous passons un an à prendre de
l’héroïne tous les jours. Je n’en peux plus. Je fuis chez mes parents. Carine m’appelle
pour m’annoncer la mort de Christian. Il s’est pendu de désespoir.
Je saute d’un toit et réchappe à la mort. Carine m’apporte de la came sur mon lit d’hôpital
pour atténuer les souffrance d’une fracture vertébrale.
Je me sépare de Carine. Elle quitte Toulouse.
Je suis abstinent depuis 30 ans.
Psychiatrisé
Ma première hospitalisation date de mon service civil, un été en Avignon. Je suis parti le
matin photographier un chantier de jeunesse. Je fume un pétard avant d’y aller en voiture.
J’arrive sur le chantier désert. Je m’en fume un deuxième. C’est un temps caniculaire. Je
descend au village boire une bière à un bar. Je remonte ensuite au chantier. Et là, soudain
un grand éclair blanc me traverse la tête. C’est le début de la décompensation psychique
initiale. J’erre dans le village. J’essaie de démarrer une deudeuche avec une clé de
maison. Je traverse le jardin d’un EHPAD. Je me retrouve à vouloir retrouver la raison en
comptant les voitures rouges, bleues et blanches. Un peur redescendu, j’entre dans un
jardin et demande un verre d’eau à une femme. Elle part le chercher. Elle ne revient pas.
Des gendarmes arrivent et m’embarquent au poste. La crise psychotique revient avec une
puissance mille. Menotté des pieds et des mains, je ne cesse de répéter : « Je suis le
Basque bondissant et je vais sauter par la fenêtre. Je délire tellement qu’un médecin est
appelé et me fait transférer à l’HP. Pompiers. Injection de calmants dans une salle de
l’hosto. Je me réveille le matin dans une chambre. Je vais me doucher en empruntant des
couloirs déserts. Une collègue de boulot arrive et me parle. Ils ont été prévenu. Il ne faut
pas que je reste là. Je sors contre l’avis médical. Je suis réformé définitivement quelques
semaines plus tard.
Je suis en CAP photo. Un matin dans une crise de dépression, je saute du troisième
étage. Je suis évacué par les pompiers. Je suis opéré de la colonne et d’un pied. Je suis
en clinique de rééducation. Un matin je fume un joint avec deux autres patients. Je suis
gai. Une infirmière m’en fait la réflexion. Je lui répond que c’est grâce au chichon que j’ai
fumé. Je suis enfermé dans le secteur psy fermé quinze jours.
La troisième date de ma vie commune avec Djamila. Un samedi midi lors d’un repas de
famille. Je m’énerve contre mamy. Vais prendre une douche. Et reviens en déclarant que
l’eau de la Garonne est empoisonnée par le SIDA. Djamila et moi traversons Toulouse à
pied pour rencontrer un ami de mes parents qui est psychologue. Djamila et lui me
demande si je ne veux pas me faire hospitaliser à Marchant. Je répond que oui. Ils
m’amènent aux urgences. J’y reste un mois. Djamila vient me voir fréquemment. Un suivi
au CMP est mise en place avec psychiatre puis s’arrête
Djamila me demande de choisir entre le haschisch et elle. Elle me quitte car je fume sans
arrêt. Son amour s’est lassé. Je vais en parler à mon médecin, lui disant que je comprend
que mon addiction a causé la rupture. Je veux sincèrement changer. Il m’oriente vers le
CMP de mon secteur. Une psychiatre me reçoit tous les mois ainsi qu’un psychologue.
Je reprend des études de documentation en cours du soir. Pendant lesquels, je fume, je
bois mais arrive tout de même a avoir de bon résultats. Je me sens dérailler, mal conseillé
par la peine. Je demande à ce que je sois à Marchant une nouvelle fois à condition que je
puisse sortir faire mes études. Marché conclu. Cela dure un mois. Je ressort apaisé.
Très peu de temps après le décès de mon p’tit frère Julien toute la famille part à la
montagne. Je perd pied complètement. Le séjour est interrompu prématurément. Je me
refais hospitaliser en clinique après une nuit aux urgences psychiatriques. J’y reste un
mois.
Ma psychiatre prend sa retraite et j’en trouve une qui accepte de faire un sevrage
progressif. six mois après l’arrêt du neuroleptique et de l’antidépresseur. Lors d’un voyage
à Paris pour aller voir ma nièce à l’occasion de son anniversaire, je me sens marabouté
par le gourou de la secte Boko-Aram qui veut me faire commettre un attentat. J’essaie de
m’exorciser dans un cimetière sans succès. Je traverse Paris de St-Denis à Neuilly. Je
longe la seine jusqu’à la gare. Je rentre en miette et suis accueilli par Clotilde, ma
compagne depuis sept ans. J’appelle la dernière psychiatre des pages jaunes. Je lui
explique au téléphone la nature de ce délire mortifère. Elle me fait entrer en clinique d’où
j’en ressort un mois plus tard.
Depuis, j’ai juré de ne plus arrêter mes traitements et de suivre une psychothérapie. Je
m’y tiens.
Femmes
Carine est ma première expérience de concubinage. Nous travaillons ensemble comme
moniteurs de kayak les étés à l’UCPA. La première année nous sommes collègue puis
amie. A Toulouse , nous sommes voisin-voisine mais nous ne nous fréquentons pas. Un
vendredi soir de la deuxième année, c’est la soirée fête. Nous valsons ensemble et nous
finissons la nuit dans son lit. A ‘l’automne j’aménage dans sa coloc avec Rolande pour une
vie de Bohème. Puis je deviens objecteur de conscience. Je déménage à Saint-Lô puis
en Avignon au grès de mes affectations. Elle m’y rejoins. Je suis réformé. Nous allons à
Carnoux,vers Marseille. Nous nous défonçons sans cesse. La vie est belle. Après le
suicide, nous partons à La-Roche-Sous-Le-Buis dans la Drôme puis nous revenons à
Toulouse. Un soir d’angoisse, je la quitte. Trois ans de concubinage amoureux s’achève.
Elle quitte Toulouse avec Roman. Ils se sont, tous les deux, séparés de l’héroïne.
Je connais Djamila grâce à Jean. Il est son prof d’harmonica. Nous ne sommes pas amis,
ni amants. Après mon suicide, elle vient me voir à l’hosto. Une amitié naît qui se
transforme en amour au bout d’un an. Cinq ans plus tard elle ne m’aime plus à cause de
mon assuétude au haschisch.
Je nomadise dans mes sentiments amoureux.
Neuf ans après, dans une soirée où je m’étais invité. Une femme me fait rire par son
impertinence. Nous nous revoyons rapidement pour que je lui montre mes photos. Elle est
aussi photographe. Je fais l’amour à Clotilde dans la nuit propice. Elle me suit dans la
traversée de la Navarre à pied puis dans toutes mes épreuves. Nous ne vivons pas
ensemble pendant sept ans. Nous nous marions sans vivre sous le même toit. Cinq après
j’aménage chez elle et ses trois enfants. Nous vieillirons ensemble, elle et moi.
Rétablissement
Julien est à l’agonie. Peu de jours avant sa mort il me dit : »Arrête de te détruire ! » Je lui
répond : »D’accord ! ».
Cela fait alors 3 ans que je suis en couple avec Clotilde et c’est le moteur qui m’a permis
de tenir parole. Nous sommes fidèles malgré mes addictions et mes démêles
psychiatriques. Nous nous parlons beaucoup. En dépit de mes malaises existentiels qui
me rendent véhément, elle reste bienveillante à mes côtés. Je trouve des emplois
(chauffeur-livreur, factotum, brocanteur) dans le secteur social. Puis je reprend des études
en communication puis en médiation de santé-pair.
Je suis actuellement travailleur-pair dans un service médico-social, Un chez-soi d’abord,
où j’accompagne de jeunes psychiatrisé-e-s courant le risque de vivre le sans-abrisme
vers la réalisation de leur propre projet de vie.
J’ai tenue ma promesse car patiemment je me suis reconstruit et j’ai construit une vie
heureuse avec Clotilde.
Seul je n’y serai pas arrivé.
Je suis rétabli grâce cet amour qu’elle m’a donné de façon inconditionnelle.
Sports
Je commence le hand-ball au collège des Ursulines et suis sélectionné au Stade
Toulousain en 3ème. Je suis minimes. Au lycée Raymond Naves je retrouve de nombreux
autres joueurs du club. Chaque année nous participons aux phases finales des
championnats de France en scolaire et en club. Jean devient mon meilleur pote. Il sportif,
intelligent et aime la fête. Il arrête le hand pour jouer de l’harmonica dans des groupes. En
espoir, le gros cafard me prend sournoisement. Je décide d’arrêter le hand. J’en parle à
l’entraîneur. Il me propose de ne venir qu’aux matchs jusqu’à la fin de la saison. Nous
sommes champion de France. C’est mon dernier match.
A l’adolescence, je débute le kayak, à l’UCPA, en allant naviguer en canoë itinérant sur
diverses rivières. Puis des stages d’eaux-vives. Je me forme au monitorat et travaille à
Bioge, en Haute-Savoie. Je suis appelé sous les drapeaux. Après le service, je reprend.
Un vendredi de repos je bois et fume avec un collègue puis me dispute devant les ado-e-s
en soirée avec un autre moniteur. Je suis licencié. Trente ans après, en voyant le canoëkayak
à la TV qui retransmet les JO, je décide de reprendre à nouveau. J’en fais encore.
Famille
Nous vivons, ma mère, Danièle, mon père, Robert et mon frère, Julien, chez ma grandmère
maternelle Manou (veuve et bigote) à Toulouse. Des cousins vivent aussi
épisodiquement avec nous. La maison est grande. Manou meurt. Je vis ensuite avec
Carine dans son appartement. Mon frère est parti adolescent faire de l’aviron dans un
lycée de Chambéry. Il est sur le podium des championnats du Monde d’aviron puis devient
machino dans les théâtre parisiens, après avoir aménagé une péniche en Hollande et
avoir vécu dessus à Sète et à Paris avec Elodie. Mamy Louise, mon autre grand-mère vit
seule à deux rue de cette maison. Elle est douce et fragile. Ma mère est secrétaire et
comédienne. Mon père assureur et administrateur de théâtre. Mes relations sont
orageuses avec ma famille surtout avec Julien. Julien meurt laissant une veuve, Elodie, et
deux orphelins : Igor et Véronique. Elodie tient un resto à Paris et chante du cabaret. Igor
fait du ju-jitsu tandis que Véronique fait de la dans classique et de la boxe française. Je
suis en paix avec toutes et tous.
Clotilde
Elle est impertinente. Elle randonne. Elle a une belle plume. Elle est divorcée avec trois
enfants : Atalante, Gabriel et Achille. Elle est instit. Atalante travaille dans la prod cinéma.
Atalante enchaîne les boulots alimentaires. Achille étudie en Norvège. Nous nous
connaissons depuis quatorze ans, mariés depuis sept ans et vivant ensemble depuis trois
ans.
Ami-e-s
Au collège je suis ami avec Kader et Bertrand. Nous étudions ensemble, faisons du hand
et de l’athlétisme ensemble. Je suis amoureux secrètement de Malika, la soeur de Kader.
Nous ne nous voyons plus pendant vingt-cinq ans. Je prend Kader comme assureur et
renouons avec une vieille amitié.
Au lycée, je joue au hand avec toute une bande de potes. Jean est celui avec qui je
m’entend le mieux. Nous devenons très proche au fil des ans. Un soir que j’étais chez moi
avec des amis à fumer de l’héroïne, il m’appelle et demande de passer avec un ami. Je
refuse. Il insiste et fini par me dire qu’il m’aime. Je lui répond : « Je ne t’aime pas ! ». Nous
nous perdons de vue. Il invente un nouvel harmonica. Il joue de l’hélicon dans un groupe
et de la contrebasse chez lui.
Dans la compagnie de théâtre de mes parents joue Patricia depuis le lycée. Elle est ma
soeur adoptive.
Je suis au RMI. Je vais à un atelier d’arts aplasique pour m’insérer. Nous sommes tous au
RMI mais nous sommes toutes et tous artistes dans l’âme. Je m’éclate à créer des formes
et des couleurs. Je sympathise avec Nathalie. Elle est artiste. Elle élève seul son enfant.
Je suis président de son asso un temps. Nous restons en contact. Elle a une compagnie
de théâtre d’ombre.
Le jour de mon arrivé à En Boulou, en postcure, un gars joue au basket seul. C’est aussi
son premier jour. C’est Djilali. J’apprécie sa culture et sa bonne humeur. Je quitte En
Boulou au bout de six mois. Nous restons en contact. Il est mon témoin de mariage. Il est
saisonnier, voyage au Cambodge et est domicilié chez sa mère.
Je travaille depuis peu dans la prévention du sans-abrisme à Un chez-soi d’abord. Une
collègue m’accueille en me disant : « Bonjour, je suis Cécile,. Je suis fermière et je sais
monter les machines à laver. » Nous discutons beaucoup avec les jeunes et entre nous.
Nous sommes complices dans notre travail. Elle prend sa retraite. Nous continuons à nous
voir pour le plaisir et un travail de formateur au rétablissement.
Julien
Nous sommes frères. Nous avons deux ans d’écart. Nous nous chamaillons souvent mais
nous avons des moments de grande complicité pendant l’enfance. Nous bifurquons
lentement au cours du temps. Ma toxicomanie l’attriste et l’irrite. Nous nous voyons peu
jusqu’à son décès.
Un chez-soi d’abord
J’écris une candidature spontanée à Marchant. Quelque jours après je suis convoqué à un
premier entretien avec le directeur et le coordonnateur d’Un chez-soi d’abord. Un second
entretien se tient à Marchant avec le DRH et la présidente de Clémence Isaure. Je termine
ma licence de communication et débute dans un nouveau métier : médiateur de santépair.
C’est la seconde fois où mon avis importe au boulot. La première était au kayak.
Adrien
Je le rencontre car c’est un amie de Nathalie. C’est le pote chez qui je squatte souvent
pendant six ans à La Reynerie. Son appart est un nid d’aigle au quinzième et dernier
étage d’un immeuble du quartier-cité. Il est jardinier Il connaît le nom latin et commun de
toutes les plantes. Il écrit : « salop de pauvres » dans les coursives. Il est séropositif au
VIH. Un soir avec un autre copain, sans nouvelles de lui depuis un moment, nous passons
chez lui. Il nous ouvre hagard, l’appart sent le vomi. Nous lui disons : « on t’amène aux
urgences. » Il répond que non. Il a le choix : soit je l’assomme et je le porte jusqu’aux
urgence, soit il y va sur ses deux jambes ! Arrivé aux urgences il tombe dans le coma. Il a
une leucose féline qui a développée une tumeur au cerveau. Il s’en sort vivant. Nous nous
perdons de vue. Je le recontacte récemment. Il a encore réchappé à la mort et est en
pleine convalescence. Il retombe dans le coma avec une infection au poumons. Je le visite
à l’hôpital Joseph Ducuing. Il s’accroche farouchement à la vie.
Jeff
Autour de la bipolarité
Il y a deux choses que je peux retenir de mon expérience de cette maladie, son acceptation et le mode d’hospitalisation qui a considérablement évolué