Un autre monde
Nous vivons tous dans un système de croyance qui façonne notre manière d’envisager le monde, les psys comme les patients. Pour les psys notamment une bouffée délirante se base elle-même sur les croyances d’un individu qui les interprétera au fil de son délire. Et ce n’est pas complètement faux. Plus on s’enfonce dans le délire, plus l’esprit, avec violence, s’accrochera à cette ou ces interprétations au point d’échafauder tout une thématique à laquelle il devient impossible d’échapper. Notamment impossible parce que accepter qu’on est en réalité en train de délirer reviendrait à admettre qu’on est bien malade et non pas doté de super pouvoirs ignorés du genre humain. Pourtant cela semble tellement vrai sur le moment que passé la crise on veut continuer d’y croire et d’interroger les faits et les prises de position des médecins à l’endroit de la dites bouffée. On notera d’ailleurs à ce sujet que très peu de psys ont fait l’expérience dans leur chair de ces bouffées délirantes, ce qui leur donne donc le droit d‘en parler… à
Autour de la bipolarité
Il y a deux choses que je peux retenir de mon expérience de cette maladie, son acceptation et le mode d’hospitalisation qui a considérablement évolué en vingt ans. Personnellement il m’a fallu treize ans pour reconnaître ma maladie, l’accepter mais pas forcément me soigner. Car si accepter sa maladie c’est faire un grand pas, il y a également des moments où on veut tout rejeter en bloc, revenir au point de départ à cette époque bénie où on était sain d’esprit. Et on rechute. Parce que quoi qu’il arrive elle est là et jusqu’à preuve du contraire c’est pour toujours. On peut lier, cette question du rejet violent et soudain, l’expliquer, par la question de l’âge, la crise de la quarantaine par exemple, ou dans mon cas de la cinquantaine, qui va d’autant se faire ressentir que vingt ans auparavant à l’époque de mes trente ans rugissants j’étais sain d’esprit justement. Bref la nostalgie n’est pas forcément bonne camarade. Mais il peut y avoir toute sorte de raison pour une rechute, tout ce
Témoignage
Suivie en psychiatrie depuis environ 15 ans, j’ai de graves problèmes à relever dans le traitement des patients, personnes en situation de fragilité, tel qu’il peut être réalisé. Mais heureusement, depuis environ 5 ans, j’ai pu aussi observer des améliorations, des progrès réels. Il reste et j’ai pu constater ce point à chaque moment de mon suivi, qu’il existe évidemment une grande disparité dans l’attitude des psychiatres. Comme dans toute catégorie de personnes, il y a des bons et des mauvais. En psychiatrie, la caricature de ce que j’ai pu observer comme mauvais soignant est : un homme imbu de lui-même, persuadé d’être très sain mentalement, dénué de ce doute qui peut être fragilisant certes, celui du scrupule et ne reconnaissant pas la moindre valeur à la personne regardée seulement comme faible, ni à sa parole. Balayant d’un regard méprisant tous les leviers de résilience que la personne a forcément déjà su mettre en place dans sa vie et qu’elle ne peut peut-être simplement pas toujours, à chaque épreuve, garder efficients ou suffisants pour
Gaetane
Bonjour,Je vous écris, pour vous situer, de Nice, où je suis actuellement suivie pour schizophrénie et addiction à la cocaïne. Ce suivi prolonge une hospitalisation en service fermé de 9 mois à l’hôpital saint marie. Suite à votre appel à contributions, je voulais vous partager mes doutes sur ma maladie et mon vécu de l’expérience psychiatrique.Saint Marie ? Après 3 mois à l’hôpital Bichat de Saint denis en région parisienne, dans une chambre située en face du crématorium et avec une psychiatre s’assimilant à une fliquette adepte du surdosage médicamenteux –hôpital dont je me suis enfuie pour le réfugier dans la montagne. Après ce séjour marquant donc, l’hôpital sainte marie, même en service fermé, avec son jardin, ses agrumes et ses oliviers propices à la balade, m’a semblé moins pire. J’y ai tout de même passé 9 mois, en service fermé, le temps que je refasse mes papiers après deux ans d’errance en France et en Italie sans autre bagage que mes vêtements. Le temps aussi selon les termes utilisés par les soignants
Nouryah Abdalla
Semblant de rien Voilà que le temps est passé, Devenue jeune adulte je me demande ce qu’il a pu se passer. Entre temps des souvenirs amères me rappellent les maltraitances, Entre temps je recroise ses âmes que j’ai connu dans l’errance. Les cauchemars nous font taire et la précarité nous rappelle notre impuissance. Face à ce qu’il s’est passé je n’arrive plus à me taire, Dénoncer est sûrement la seule chose qui m’obsède. Nos voix compteront-elles devant le juge alors que le diagnostic fut posé ? Ce DSM IV me catégorise, me bloque et m’enferme. La justice existe-t-elle ? Moi je l’attends de pied ferme. L’argent est l’objet de la corruption car visiblement le serment d’Hippocrate après ça ne devient que du vent. Pour eux je n’étais qu’un chiffre de plus, Ma carte vitale leur a bien servi, elle leur permit de payer les formations de méthode de contention. Je me souviens que leur nom me faisait penser à un voyage, L’escale fut mauvaise. Nouryah Abdalla
Cy morgado
Celle qui vivait nue Je me suis mise doucement à habitermon corps. Il a cessé lentement d’être“mon corps”, pour devenir “moi”.Michelle Lapierre-Dallaire, Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour okje viens ici parce que je sais ce que je cherche et je sais qu’ici on ne peut pas me trouver, moi,en revanche, j’y trouve tout ce que je veux puisque je gratte la terre avec les ongles jusqu’à ceque je la sente en moi, mienne, j’ai entendu qu’on me disait folle car oui j’ai des oreilles, ielsdisent que je procrastine, moi je dis juste que j’ai choisi un autre mode de vie : celui degratter la terre jusqu’à lui ressembler, jusqu’à ce qu’on me confonde en elle. un jour on m’aporté·e disparu·e et ça m’a fait rire parce que tout le monde me cherchait alors que moi,j’avais trouvé tout ce que j’avais à trouver*je ne suis pas en fuiteje n’ai pas de prénom parce qu’on ne me nomme pasje suis transparent·eje suis là seulement si je
Jeff Estampille
…Estampillé par l’Académie de MédecineAlcoolC’est l’été. Je suis un pré-ado envoyé en colonie de vacances. C’est le temps del’insouciance d’une enfance finissante. Un soir, c’est la fête au village proche de notrecampement. Toute la colonie s’y rend pour faire la fête. Tard dans la soirée, nous sommesassoiffés par tant d’amusement. Nous nous faufilons derrière la table des boissons ettirons chacun une boutanche de vin. Fiers comme des larrons en foire, nous allonstchuquer tranquillement nos litrons. Ce qui devait arriver arriva. Nous sommescomplètement ronds comme des queues de pelle. Au retour, les murs valsent autour demoi. J’ai le vin gai et déclare mon amour à ma monitrice. Une fois sous la tente, c’est labascule et j’ai juste le temps de sortir la tête pour vomir.Je suis lycéen, et « Un singe en hiver » passe à la TV. Avec Jean, mon meilleur ami, nousle regardons tout en nous faisons des cocktails avec ce que nous trouvons dans le bar demes parents. Nous sortons ensuite dans les rues de Toulouse. Sur les allées Jean Jaurès.Nous
Témoignage anna Orengo.
Au printemps j’ai été hospitalisée d’urgence pour une bouffée délirante. C’est une histoire que j’aime bien raconter et sur laquelle personne ne me questionne vraiment. Les gens s’imaginent que c’est impudique de demander, ou alors ils ne veulent pas vraiment savoir. Le lendemain matin de mon arrivée, c’est moi qui rassure ma mère qui angoisse à l’autre bout du fil. Je rassemble tout ce qu’il me reste d’énergie pour lui parler depuis le brouillard épais, pour envoyer un signe de vie encourageant dans le téléphone,alors que je somnole sur le matelas fin comme une galette de l’hôpital. Je me rendors sitôt après avoir raccroché. Hier soir à mon admission, j’ai demandé un anxiolytique, et l’infirmier m’a donné des gouttes dans un peu de sirop. « ça casse le délire, c’est pour les angoisses un peu massives » Il est gentil et maigre, des tatouages plein les bras. Il a mon âge, il me vouvoie et me sert ce verre de sirop comme je pourrais servir un verre à un.e ami.e qui a besoin